BIBLIOGRAPHIE ET ARTS …
1) Une première approche
La Pratique du zen, de Maître Taisen Deshimaru, Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes. Enseignement sur za-zen, pratique de la posture d’éveil.
Véritable manuel de base, accessible à un vaste public et offrant toutes les facettes de l’enseignement de Maître Deshimaru.
Questions à un Maître Zen de Maître Taisen Deshimaru, Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes. Questions concernant la pratique qui constituent une excellente introduction à la pratique du zen et un appel à vivre pleinement la totalité de notre être.
L’anneau de la Voie de Maître Taisen Deshimaru, Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes.
Autobiographie d’un moine zen de Maître Taisen Deshimaru.Récit d’un des grands itinéraires spirituels de notre temps – aussi un roman d’aventures et d’amours ! Avec beaucoup de simplicité, Maître Deshimaru y expose son chemin en commençant par les récits d’enfance et s’achève à la veille de son départ pour l’Occident. On y lit en particulier la relation de sa rencontre avec Kodo Sawaki, l’artisan du retour aux sources du zen au Japon, et dont il fut un des disciples.
Zen et Arts martiaux de Maître Taisen Deshimaru, Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes. Essence de l’enseignement de Maître Deshimaru au sujet du Bushido, la Voie du guerrier et explication de la vraie filiation du zen et des arts martiaux, qui mènent tous deux à l’esprit de la Voie, Maître Deshimaru étant expert en judo et 5ème dan de kendo au Japon, avant la deuxième guerre mondiale.
Vrai zen, suivi d’une introduction au Shobogenzo de Maître Taisen Deshimaru, Editions AZI. Héritier de la pure tradition depuis le Bouddha Shakyamuni, puis de Bodhidharma, Dogen, Sawaki, Maître Deshimaru a transmis l’enseignement et la pratique du vrai zen, zazen, en Occident de 1967 à 1982.
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2) Pour approfondir…
Le Chant de l’Eveil. Editions Albin Michel, collection Spiritualités vivantes, 1999. Le Shodoka commenté par un Maître zen, Kodo Sawaki. 78 poèmes écrits par Maître Yoka, né en Chine en 665. Pur joyau poétique et spirituel qui recèle une sagesse universelle.
Esprit zen, esprit neuf. Editions du Seuil 1977 – Points Sagesses. Entretiens avec Maître Shunryu Suzuki, un des descendants spirituels de Maître Dogen. L’essentiel sur le cœur et le message du zen.
Le Trésor du zen, Tome 1 et Tome 2 ( l’autre rive) traduction de l’enseignement de Maître Dogen, Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes, commenté par Maître Taisen Deshimaru avec le sutra de la compassion et le sutra de la sagesse, présentés par la nonne zen Evelyn de Smedt.
Tch’an – Zen, Racines et floraisons, Editions Les Deux Océans (ouvrage collectif)
L’Esprit du ch’an, aux sources chinoises du zen. Le Shin Jin Mei, poème sur la foi en l’esprit, Maître Taisen Deshimaru – Editions Albin Michel – Spiritualités vivantes.
Les Maîtres zen, de Jacques Brosse – Editions Albin Michel, 2001 – Spiritualités vivantes. Introduction à l’esprit zen à travers la longue histoire des maîtres zen des origines jusqu’à nos jours. Le zen, comme art de vivre menant à la liberté intérieure, à l’équilibre et à la sérénité.
Les secrets de la méditation de Thomas Cleary, sept textes essentiels des maîtres historiques du ch’an et du zen – Edition J.C. Lattès, 1998.
Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc de E. Herrigel – Editions Dervy, 1980. Philosophe allemand qui est venu au Japon pour pratiquer le tir à l’arc, afin d’éclairer sa compréhension du zen.
Les principes fondamentaux du Bouddhisme de Kogen Mizuno – Editions Sully 2000.
Maître Eckhart et la mystique rhénane de Jeanne Ancelet-Hustache – Editions du Seuil, 2000 – Points Sagesse. (petit livre) Livre qui présente la vie et l’oeuvre de Maître Eckhart avec des textes choisis ainsi que la constellation de la mystique rhéno-flamande.
Bienvenue sur la Voie d’Arnaud Desjardins – Edition La Table ronde, 2005.
La flamme de l’attention, Krishnamurti, Editions du Seuil– Points Sagesses.
Pratique de la voie tibétaine de Chôgyam Trungpa, au-delà du matérialisme spirituel. Editions du Seuil- Points Sagesses,1976.
L’enseignement du Bouddha de Walpola Rahula – Editions du Seuil – Points Sagesses. Exposé lumineux et accessible des principes fondamentaux de la doctrine bouddhique que l’on trouve dans les textes les plus anciens.
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LES HAÏKUS
Le zen a traversé les millénaires en passant par l’Inde, le Tibet, la Chine, le Japon … et aujourd’hui les pays d’Occident. Il est lié à toutes les traditions, les cultures, il dépasse l’égo pour atteindre à la plénitude du soi. Plein d’humour, d’amour et de liberté, il est attentif à la plus modeste herbe des champs.
Le zen trouve dans le haïku, ce poème bref, si simple et si profond, son expression la plus heureuse et sa naturelle coïncidence.
Le haïku est issu d’une autre forme poétique, le haïkai dont on a conservé les trois premiers vers, soit dix-sept syllabes. Ainsi, on lit le haïku en une seule respiration. C’est Bashô qui lui a donné ses lettres de noblesse, et puis le genre a été pratiqué par divers écrivains occidentaux en particulier les surréalistes. En japonais, il est écrit sur une seule ligne verticale, cependant, il est habituel dans les langues étrangères aux idéogrammes de le transposer sur trois lignes. En fait, chaque auteur peut choisir librement sa présentation non sans oublier que le plus important est d’émouvoir et sans impérativement obtenir dix-sept syllabes.
De par sa simplicité, sa légèreté et la mise à nu de l’essentiel, le haïku ne révèle sa saveur qu’aux esprits accueillants, aux coeurs attentifs : il est le temps accordé au silence, une grâce, un secret.
Un haïku, c’est une chance offerte de tout deviner, de tout comprendre, de tout aimer en un éclair de trois vers …
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Matsuo Munefusa (1644-1694) dit Bashô (« bananier » en japonais) est considéré comme l’interprète le plus authentique du haïku. Il est issu d’une famille de bushi (guerrier), et occupa à Edo divers emplois administratifs.
En 1681, il pratiqua la méditation avec le maître zen Butcho, devint moine, puis se retira à l’Ermitage-au-bananier (Basho-an) mis à sa disposition par Sanpu, dans un faubourg d’Edo. Suite à un incendie au début de 1683, il commença à faire quelques voyages et les dix dernières années de sa vie se passèrent entre périples et retraites, le plus souvent au nouveau Basho-on, reconstruit par ses disciples.
Il a laissé une oeuvre considérable, riche en récits de voyages et en articles de journaux ; et même s’il est célèbre pour ses haïkus où son esthétisme s’illustre dans le mot le plus simple et le plus court, c’est à tord qu’on les sépare de ses longs poème en prose, les haïbun, dont ils constituent leur brève conclusion.
En seulement trois vers, il a relaté la beauté des plus simples aspects de la vie et des états d’âme d’une grande élévation, exprimant ainsi philosophie universelle, sentiment authentique, intimité avec la nature, et harmonie avec l’univers. Il a laissé une oeuvre importante dont le recueil Oku no hosomichi (« La sente étroite du bout du monde »), refusant toujours d’ériger quelconque traité ou art poétique.
Une rafale de vent
Puis les feuilles
Se reposent
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Ce chemin
Personne ne le prend
Que le couchant d’automne
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Fraîcheur
Pendant la sieste
Les pieds sur le mur
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Les herbes se couvrent
D’automne
Je m’assieds
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Taïgi (1709-1771) Il apprit son art auprès du maître Keikitsu qui faisait partie de la lignée de Kikaku, lui-même disciple de Bashô. Il poursuivit la tradition des haijin pèlerins commencée avec Bashô et ne se fixa qu’en 1751 dans l’ermitage du poète zen Ikkyû. Comme Kikaku, il privilégia l’observation de la vie humaine à la contemplation de la nature. Après avoir enseigné l’art du haïku, il se rapprocha de son ami Buson pour créer un courant appelé « Retour au goût de Bashô » ou « Dans le style de Bashô ». Il s’agissait d’une écriture de style classique où se mêlaient les éléments contemporains de la vie quotidienne. Le style à la fois nouveau et ancré dans la tradition étonnait par sa spontanéité et son réalisme. Bien qu’issu d’une lignée qui privilégiait l’observation de l’activité humaine, Taïgi excellait tout autant dans les haïkus traditionnels de la nature grâce à une expression subtile et à un sens aigu de l’observation.
Dans la barque
La lumière de la lune croissante
A mes pieds
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Commencement de l’automne
L’averse d’été se prolonge
Et devient un après-midi de pluie
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et sur l’influence du zen :
Le cerisier a fleuri cette nuit
Au-delà de la porte du temple
Assieds-toi sur le chemin
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Les jours paisibles
De ces années fugitives
Oubliés
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Chiyo Ni (1703-1775) Issue d’un milieu artiste, elle apprend l’art de la calligraphie et de la composition poétique chez le maître de haïkus, Hansui. Son mode de vie simple, proche de la nature, donne à sa poésie une limpidité unique et une chaleur exceptionnelle. Elle offre une poésie d’une qualité remarquable, exprimant de manière troublante la sensualité féminine.
Une montagne après l’autre
se dévoile
Premières brunes
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Le liseron du soir
La peau d’une femme
Au moment où elle se découvre
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Sur le ruisseau
Elle court après son reflet
La libellule
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Jamais éteint
Mon coeur de femme
J’aère mes vêtements
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Accroupie
La grenouille observe
Les nuages
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Au parfum des fleurs
Je ne montre que mon dos –
Changement de robe
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Un pissenlit
De temps en temps interrompt
Le rêve du papillon
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Le parfum du prunier
Parfaitement envoûtant
Au clair de lune
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Buson Yosa (1716-1784) Artiste peintre et poète auteur de haïku, il est considéré comme l’un des trois plus grands maîtres de haïkus de la période Edo avec Bashô et Issa. Il est l’inventeur du haiga, peinture accompagnée d’un haïku. Ses poèmes, très visuels cherchent cependant à rendre l’essence du monde plus qu’à le décrire. Grâce à son sens subtil des couleurs et sa sensibilité délicate pour les sons, il traduisit en images claires et directes les aspects changeants de la nature. Il développa ainsi un talent incontestable pour rapporter l’impermanence et l’a-temporalité à travers de simples paysages.
Les fleurs de cerisier
Qui tant me ravissaient
Ont disparu de la terre
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Par-dessus la mer
Le soleil couchant
Dans le filet de la brume
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Le halo de la lune
N’est-ce pas le parfum des fleurs de prunier
Monté là-haut ?
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Cheminant par la vaste lande
Les hauts nuages
pèsent sur moi
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Il est transi
De pauvreté
Ce matin d’automne
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Ryokan (1757-1831) Disciple du moine zen Kokuzen. Ermite, poète et calligraphe japonais, il est l’une des grandes figures du bouddhisme zen de la fin de la période Edo et représente pour le Japon le personnage légendaire empreint de douceur et de simplicité. Sa vie d’ermite est souvent la matière de ses poèmes et ses haïkus reflètent l’écho harmonieux de son existence. Son écriture témoigne de sa pratique du dépouillement et de l’effacement de soi, sa sincérité dans la voie faisant de Ryokan le moine qui incarne le zen le plus pur.
Un jour, lorsqu’il revient d’une promenade, il s’aperçoit que ses maigres biens ont disparu, il compose alors le haïku suivant :
Le voleur parti
N’a oublié qu’une chose
La lune à la fenêtre
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La fenêtre ouverte
Tout le passé me revient –
Bien mieux qu’un rêve !
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Kobayashi Nobuyuki, dit Issa (1763-1828), moine laïc du temple Haïkai. Issa incarne le pauvre paysan qui, après une vie familiale difficile auprès de sa belle-mère, connaît très tôt la vie d’errance. Son vécu marqué de malheurs et de pauvreté le rend sensible au destin de ses compagnons. Il se distingue dès lors par des haïkus empreints tout à la fois de comique et de compassion.
Après-midi d’automne
Assis
Comme un bouddha
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Juste avant le jour
Le ciel
Change de vêtement
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Escargot adagio
Escalade
Le mont Fuji
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Ce matin
Le chant du rossignol
Mouillé par la pluie
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Elle s’évanouit la rosée
N’ayant avec ce monde impur
Rien à faire
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Se reflétant
Dans les yeux d’une libellule
Les montagnes
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Ne pleurez pas insectes
Les étoiles elles aussi
Sont transitoires
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Sur la feuille de lotus
La rosée de ce monde
Se distord
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Shiki (1867-1903) Fils d’un samouraï, il étudie la littérature à Tokyo. Avant la fin de ses études, il devient journaliste et modernise les formes traditionnelles du haïku et du waka. Malade, il décède à l’âge de trente cinq ans.
Un oiseau chanta
Tomba au sol
Une baie rouge
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Cent collines
Et la couleur des feuilles d’automne
En un seul regard
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Viennent voletant
Des feuilles mortes venant d’ailleurs –
L’automne s’achève
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Sôseki (1867-1907) C’est le début de l’ère Meiji qui fait bondir le Japon d’un système moyenâgeux à une nation moderne. Sôseki est non seulement un romancier passionné de littérature anglaise, mais il est aussi poète et fait partager à travers ses haïkus des moments de grâce et de plénitude.
Plus de 2500 haïkus…
Sur l’aile du vent
Légère et lointaine
L’hirondelle
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Montagne d’automne
Indolents les nuages traversent
Le silence du ciel
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Montagne hivernale
Y eût-il un promeneur
Resterait invisible
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Vent d’est vent de printemps
Si je savais que tu m’attends
M’en irais tout de suite
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La libellule rouge
Sur mon épaule s’est posée
Intime et familière
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Un instant encore
Le liseron fleurira
Ton sur ton avec l’arc-en-ciel